Le pan légal de la musique dématérialisée est encore très fragile. En dehors des offres comme celle d’iTunes qui satisfont, dans une certaine mesure en tout cas, Distributeur et Majors (chaque morceau vendu rapporte 60cts € à la Maison de disque), les solutions alternatives proposées par Deezer, Beezic, Airtist et autre Spotify sont loin de satisfaire l’appétit financier des producteurs. Selon le magazine Capital (le dimanche sur M6) diffusé le week end dernier, un morceau écouté sur Deezer version gratuite rapporterait à sa Major (Universal, EMI, Sony BMG ou Warner) 0,02 cts € ! Si le même morceau est écouté via un abonnement à 9,99$/mois sur le même Deezer (écoute illimitée), alors le gain pour la Major est de 7cts €… Si on prend un concurrent de Deezer, à savoir Beezic, qui permet de télécharger gratuitement de la musique contre le visionnage de publicité, la Major empoche 6cts € par morceau. Attention, pour Beezic, le consommateur télécharge le fichier musical et peut l’écouter ensuite autant de fois qu’il le veut. Sur Deezer gratuit, il s’agit de streaming : le consommateur écoute sans récupérer le fichier et à chaque fois qu’une écoute est lancée, Deezer reverse les fameux 0,02cts € à la Major propriétaire du morceau.
Bref, comme le rappelle le sujet de M6, les Majors ne sont pas satisfaites des bas revenus générés par les alternatives au géant iTunes (Comme on est sympa, on va associer à iTunes, les offres similaires comme Fnac Music, Virgin Mega et Amazon…) et on « comprend » dès lors que ces anciennes cash-machines musicales mettent une pression monstrueuse sur leur nouveaux « partenaires » : Les Majors exigent des minimums de ventes et gare au distributeur qui n’atteint pas les objectifs. Il doit payer c’est tout !
Si je vous impose un tel préambule c’est pour mieux faire passer l’idée suivante : difficile pour une start up comme Deezer, Spotify ou Beezic de communiquer sur ses chiffres surtout si elle commence à cartonner. Les Major sont dans une telle attente que le moindre signe de réussite risque de les rendre encore plus gourmandes. A contrario, pour ces « boîtes en devenir » qui ont besoin du maximum de buzz, garder des chiffres encourageants voire historiques peuvent représenter un gros manque à gagner en terme d’image et de stratégie marketing.
Ainsi, Spotify annonce avoir atteint 1 millions d’abonnés (à 4,99€ ou 9,99€/mois), un seuil qu’on imagine déterminant pour l’avenir du concept (écoute et téléchargement illimités) surtout si on considère que ce chiffre n’était que de 650 000 en novembre dernier. Ce million d’abonnements ne représente certes qu’1 utilisateur de Spotify sur 6 mais cette annonce, reprise par des dizaines de blogs, des dizaines de sites d’infos, répand du même coup la réussite d’une offre qui incarne peut-être l’avenir de la musique.
Que vont faire les Majors ? Renégocier ?
NB : concernant Deezer. Il s’agit d’une société française fraîchement rachetée par Orange. Ce « mariage », je l’espère, contribuera positivement à l’industrie musicale. MAIS si on peut être fier que des entrepreneurs français se soient jetés dans la bataille de la musique numérique, 2 questions me viennent rapidement : 1. Si Deezer négocie des millions de royalties avec les Majors, quid des indépendants ? Ils sont pour l’instant les grands perdants de l’histoire (pas d’avance sur les ventes, pas de mise en avant,…). Oui, Dezzer c’est quand même le royaume du blockbuster… 2. Il m’est arrivé d’écouter de la musique gratuitement sur Deezer; ayant voulu télécharger des morceaux, j’ai été renvoyé sur Amazon, Starzic ou…iTunes ! (système d’affiliation qui permet à Deezer de toucher une commission pour chaque vente) Deezer est-il là pour enrichir iTunes ?