Kobo (Fnac), Bookeen (Cybook), Sony Reader, Kindle (Amazon),… l’offre des liseuses, ces tablettes spécialisées dans la lecture de livre, devient enfin sérieuse tant sur le plan qualitatif que sur celui des tarifs.
Le Kindle, eBook Reader d’origine américaine, est l’un des plus aboutis. Je vous propose de le découvrir à travers un test grandeur nature : pas de mesures comparatives ni de spécifications techniques dans ce test. Juste l’expérience d’un nouvel utilisateur exigent et passionné de nouvelles technos…
OU ACHETER UN KINDLE ?
Le Kindle est fabriqué et distribué par le Cyber-marchand Amazon. Historiquement attaché aux produits culturels, Amazon a décidé de distribuer son propre eBook Reader à un tarif agressif : 99€. Si Amazon perd certainement de l’argent en vendant son appareil à si bas prix, c’est que le modèle économique repose sur la vente de contenus. Le Kindle, c’est un peu la machine Nespresso du livre : Le constructeur ne fait aucun bénéfice sur le machine mais se rattrape sur les consommables. Les capsules de café chez Nespresso, les livres électroniques chez Amazon (Je reviendrai un peu plus tard sur le modèle économique). En toute logique donc, pour acheter un Kindle, le plus pratique reste l’achat en ligne sur Amazon.fr. Mais les amateurs de boutiques réelles pourront toujours trouver leur bonheur chez Virgin qui distribue le Kindle (en ce moment en tout cas) au même tarif, tout comme certains magasins Casino.
OUVERTURE DE LA BOÎTE
L’aspect « carton recyclé » de la boîte surprend un peu. Alors que les constructeurs peaufinent l’aspect de leurs boîte, Amazon semble jouer la carte écolo à fond. Pas plus mal, d’autant qu’Amazon facilite aussi l’ouverture de l’emballage. Tout y est donc « zen » : L’achat à distance, le carton écolo et l’ouverture facile. Une expérience globale plutôt positive… avant même d’avoir touché le produit. Si l’étape du « Unboxing » n’atteint pas le degré d’émotion offert par l’ouverture d’un produit siglé d’une Pomme, il faut reconnaître que le premier contact avec le produit est plutôt agréable.
Dans la boîte : Le Kindle bien sûr, accompagné d’un guide de prise en main et d’un câble à la norme Micro USB. Le guide de prise en main est très succinct. Il suffira aux utilisateurs déjà habitués aux appareils mobiles mais se révèlera à mon avis très insuffisant pour un débutant peu à l’aise avec les nouvelles technologies. Pour eux, un manuel est intégré dans le Kindle. Et oui, il faut s’y faire. Tout appareil électronique se veut désormais utilisable tout de suite, sans notice. La simplicité de leur ergonomie le permet… en théorie.
Le câble USB permet de charger le Kindle sur son ordinateur. Pratique mais je suis déçu : il n’y a pas d’adaptateur secteur ! Pas très cohérent : Amazon fait la promo du Kindle en précisant qu’on n’a pas besoin d’ordinateur pour utiliser son eBook reader; le Wifi autorise en effet le téléchargement de livre sans passer par une quelconque synchronisation filaire. Un énorme bon point ! Mais alors pourquoi imposer une recharge par USB ? Pour réellement se passer de PC ou de Mac, il faudra mettre la main à la poche : 15€ le chargeur…
PREMIER CONTACT
Mon Dieu que c’est léger ! Voilà ce que vous vous direz certainement lorsque vous sortirez votre Kindle de sa boîte. 170 grammes. Plus léger qu’un livre de poche. Plus fin qu’un magazine… comme dit Amazon. C’est le premier choc… une sorte de « bienvenue au XXIème siècle ! ». Une pression sur le bouton d’allumage. L’appareil se réveille. Amazon a eu la bonne idée de livrer le Kindle avec un peu de batterie histoire de pouvoir jouer avec dès l’ouverture.
Le second choc, c’est la qualité d’affichage. Celui qui n’a jamais aperçu un écran e-link de très bonne qualité (c’est le cas ici) n’aura qu’un réflexe : Caresser l’écran pour s’assurer qu’il n’est pas… en papier ! C’est bluffant et terriblement confortable pour les yeux. On est très loin du fatigant scintillement des tablettes tactiles du type iPad. Ces dernières sont capables d’afficher des livres mais leur technologies (le LCD) associée à des écrans brillants sont fatigants à la longue d’où une sensation d’inconfort au bout de plusieurs minutes de lecture.
Toute la navigation se fait à l’aide du bouton central. L’appareil est réactif mais on regrette quand même que le Kindle ne soit pas tactile. On est tellement habitué à cliquer du doigt l’élément qu’on veut ouvrir, qu’il est difficile de cliquer 8 fois sur la flèche du bas pour atteindre la huitième ligne…
C’EST PARTI !
Première étape : Créer un compte Amazon pour avoir le droit de télécharger des livres. A part la notice, pas grand chose à se mettre sous la dent à l’ouverture de l’appareil. Je pars du principe que je n’ai pas de PC. Je me connecte au Wifi et lance la procédure de création de compte. C’est ultra simple, tout le monde peut le faire. Le seul obstacle reste l’absence de clavier… Tout texte doit être entré à l’aide d’un clavier virtuel sur lequel on navigue grâce au bouton central. Si le déplacement du curseur est très rapide, ça reste tout de même assez rébarbatif : entrer ses nom, prénom, mot de passe, adresse mail,… avec un seul bouton, c’est long, long…La bonne nouvelle, c’est que cette étape est unique et définitive ! Ouf !
TELECHARGER DES LIVRES
Amazon annonce plus de 35 000 livres en français sur sa plateforme avec 4 000 références gratuites. C’est le cas des classiques dont les droits sont tombés dans le Domaine Public. Vous y trouverez tout Maupassant, Balzac, Racine, Flaubert et tous les grands auteurs à 0,00€ !! De quoi lire des heures gratuitement et légalement… Quelle aubaine pour un étudiant passionné de littérature !
Le Menu de démarrage n’a rien de sexy. Dommage. La page d’accueil qui affiche les livres téléchargés et les Dossiers (appelés « Collections ») vous plongera dans une interface un peu datée mais efficace. La navigation avec le bouton central est ultra-rapide. C’est la bonne surprise de l’appareil qui, rappelons-le, ne coûte que 99€.
La recherche de titre ou d’auteur se fait à travers le clavier sur lequel il faut sélectionner une à une chaque lettre à l’aide de ce fameux bouton central. C’est peu ergonomique mais une fois les premières lettres tapées, une liste de suggestions toujours pertinentes vous évite d’aller jusqu’au bout d’un titre ou d’un auteur. Une fois le titre sélectionné, l’ouvrage est téléchargé en quelques secondes en Wifi. Un vrai bonheur
LA LECTURE
C’est là le vif du sujet. Que vaut la lecture d’un eBook ? Ce qui surprend à l’allumage d’un eBook Reader, c’est l’aspect papier de l’écran. Cette caractéristique joue évidemment un rôle essentiel dans le confort de lecture. Le Kindle est doté d’un excellent écran eInk (encre électronique) qui permet de s’immerger dans une histoire aussi confortablement et aussi longtemps qu’avec un livre papier. L’écran ne présente pas de scintillement ni de reflet… même en plein jour !
Les 170 grammes de la « bête » sont quasiment imperceptibles. La lecture peut durer des heures sans fatigue des bras. Cette qualité devient déterminante lorsque le livre est long. Je suis souvent en déplacement et je n’arrive pas à lire la Biographie de Steve Jobs. Son poids (1kg ?) et sa taille (650 pages) n’ont pas leur place dans ma sacoche ! Sur le Kindle, c’est 170 grammes même avec 1 000 livres sur soi ! (Amazon annonce une capacité de 1 400 eBook). Le transport, parlons-en : Presque imperceptible au milieu d’un sac ou d’une sacoche, le Kindle s’emporte même dans une poche arrière de pantalon. Le seul endroit où je me méfierais un peu, c’est sur la plage. Comme tout appareil mobile, il reste sensible au sable et à l’eau.
Quant à l’autonomie, elle est assez extraordinaire. Amazon annonce un mois à raison de 30 minutes de lecture quotidienne avec Wifi désactivé : ce qu’il faut retenir, c’est qu’un écran e-Ink ne consomme de l’énergie qu’au moment où on change de page et plus généralement quand on modifie l’affichage (écriture sur le clavier, soulignage,…). Une fois l’image figée, l’appareil ne consomme plus d’énergie. La fonction la plus énergivore finalement, c’est le téléchargement de livre par le Wifi. Un Wifi qui peut d’ailleurs être désactivé pour une meilleure autonomie.
LES DEFAUTS
Le Kindle est livré sans protection. Et l’écran reste une zone sensible à la casse et aux rayures. Des protections plus ou moins luxueuses sont en vente sur Amazon.fr. Des pochettes dont certaines sont même pourvues d’une lampe. Pourquoi une lampe ? C’est l’une des plus grosses déceptions du Kindle : Impossible de lire dans le noir. L’écran n’est pas rétro-éclairé. Ce « détail » est commun à toutes les liseuses à base d’e-Ink. De ce côté-là, il n’y a donc pas de progrès par rapport au livre papier…
D’autres défauts sont eux davantage liés au secteur du livre électronique. Parmi eux, on trouve le prix. Difficile de comprendre qu’un fichier informatique qui ne demande aucune impression ni transport ne soit pas sensiblement moins cher que sa version papier. Certes, la TVA sur les eBook est fixée à 19,6% alors qu’elle n’est que de 5,5% sur le livre papier (soit dit en passant, Amazon ne paie pas sa TVA en France). Mais tout de même ! Il arrive qu’un eBook soit plus cher que son équivalent papier ! C’est tout simplement inadmissible ! Dans ces conditions, il ne faut pas rêver à un développement rapide du secteur. Autre écueil de la profession : La peur. La peur de perdre le contrôle de la distribution (comme cela est arrivé aux Majors de la musique), la peur du piratage,… Résultat : les éditeurs semblent parfois freiner des 4 fers le développement d’une offre qui reste trop pauvre… Les éditeurs misent encore tout ou presque sur le bon vieux papier.
DEFAUTS OU QUALITES ?
Certains défauts n’en sont pas forcément. Quand on a un Kindle, un défaut ne saute pas tout de suite aux yeux : on est obligé de s’approvisionner en livre chez Amazon… Format oblige. Le Kindle lit un format propriétaire (le AZW) alors que plusieurs formats cohabitent sur le marché. Le Kindle est notamment incompatible avec le format ePub pourtant très répandu. Mais c’est aussi la base du modèle économique du livre électronique américain. L’appareil est vendu à perte et le constructeur-distributeur se rattrape en margeant sur les livres. Les avantages d’un système fermé comme celui-ci sont simples : Tous les livres proposés par Amazon sont garantis de fonctionner correctement (affichage, annotations, navigation, recherches,…) sur le Kindle. Un compte chez Amazon garde de surcroît en mémoire tous les téléchargements et autorise gratuitement un nouveau téléchargement en cas de perte de l’appareil ou de bug. Ce système qui fonctionne parfaitement chez Apple avec le couple iTunes/iPod (iPhone) fait d’ailleurs des émules : La FNAC propose son Reader maison, le Kobo, et Virgin aussi en partenariat avec Bookeen… Pour contourner ces verrous, les plus avertis utiliseront des convertisseurs de formats : de petits logiciels qui permettent de reformater un livre ePub par exemple en ouvrage lisible par le Kindle. Le logiciel Calibre (gratuit) fait partie de ceux-là.
Défaut ou qualité ? Le Kindle n’est fait que pour une chose : lire des livres…. et encore des livres. Je passe sur sa capacité à lire les journaux et magazines. Je n’ai pas testé la lecture du Monde ou des Echos sur le Kindle. Ces 2 journaux et d’autres font pourtant partie de l’offre. Une prochaine fois, je testerai. Bref, le Kindle ne lit pas de MP3, ne lit pas de vidéo, ne prend pas de photos, son écran est Noir & Blanc et il est incapable de naviguer sur internet (en fait il est possible de cliquer sur des liens qui figurent dans des articles qui auraient été téléchargés sur le Net via des services comme Instapaper. Mais l’expérience est assez désagréable et je réserve cet article aux débutants qui ont soif de littérature). En contrepartie, le kindle est simplisme, bon marché et il excelle dans sa spécialité.
CONCLUSION
Le Kindle est un fantastique appareil qui laisse sérieusement entrevoir l’inéluctable fin du papier. Les avantages d’un reader sont trop importants pour que le papier lui résiste longtemps. Les éditeurs le savent. A eux de se convaincre que ce n’est pas en améliorant la bougie qu’on a inventé l’ampoule à incandescence…
Pour revenir au Kindle, je rêve d’un modèle tactile, multitouch capable aussi de naviguer sur le Net et de partir à l’assaut des millions d’articles de blogs et sites d’information. En attendant ce modèle, nous attendons impatiemment en France le Kindle Touch, une version tactile et multitouch du Kindle. Plus besoin de bouton, tout s’y commande d’une tape sur l’écran.
Présentation du Kindle Touch
EN RESUME
Qualités: Légèreté, Finesse, Rapidité, Confort de lecture, Prix, Pas besoin d’ordinateur (à condition d’acheter le chargeur mural)
Défauts : Chargeur mural non inclus, Saisie de texte rébarbative, Internet obligatoire -Wifi ou filaire – (j’aurais aimé une 3G gratuite comme sur le Kindle Touch), Prix des livres, catalogue de livres encore pauvre